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Avec son plan de lutte contre les maladies chroniques, l'administration Trump déçoit
L'administration de Donald Trump a récemment présenté une stratégie pour lutter contre les maladies chroniques, notamment l'obésité et le diabète. Bien que le rapport émette 128 recommandations, il est jugé décevant par des experts en raison de son manque de détails concrets et d'actions face aux pesticides et à l'alimentation ultra-transformée. Le ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr, a été critiqué pour son approche jugée trop favorable aux industries agroalimentaires, sans interdiction des substances toxiques. Des voix s'élèvent contre une législation trop laxiste sur la publicité pharmaceutique et l'absence de mesures pour protéger la santé des enfants.

Jim WATSON - AFP/Archives
L'administration de Donald Trump a dévoilé mardi sa stratégie pour combattre les maladies chroniques affectant les jeunes Américains, comme l'obésité et lediabète présentant une multitude de pistes pour combattre notamment la malbouffe... tout en ménageant grandement l'industrie agroalimentaire.
"Nous sommes aujourd'hui le pays le plus malade au monde", a insisté le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr, contesté pour ses positions antivaccins, en présentant ses recommandations pour lutter contre l'obésité, lediabète ou encore les troubles de la santé mentale.
Au nombre de 128, ces dernières apparaissent très vagues et se fondent principalement sur des appels à étudier davantage les effets de certains polluants, micro-plastiques ou médicaments, et à mieux promouvoir l'alimentation équilibrée.
Cette feuille de route a déçu tant des experts de ces domaines que des soutiens de l'initiative par l'absence notable d'actions fortes contre les pesticides ou l'alimentation ultra-transformée.
Si le document "contient de nombreuses idées d'actions", il "manque de détails et est peu convaincant en matière de mesures réglementaires", souligne à l'AFP Marion Nestle, professeure émérite en nutrition et santé publique.
"C'est de la manipulation à un niveau jamais-vu", dénonce Scott Faber, expert en régulations environnementales auprès de l'organisation américaine EWG.
L'administration Trump "a le pouvoir d'interdire les pesticides et les composants chimiques alimentaires qui sont bannis dans d'autres pays. Mais au lieu de le faire, elle facilite les procédures d'autorisation de nouvelles substances toxiques", regrette-t-il.
- Quasi-omission des pesticides -
Cette feuille de route constitue une "petite victoire" pour les industriels, estime Zen Honeycutt, militante proche du mouvement "Rendre à l'Amérique sa santé" (MAHA, selon le sigle en anglais), dont Robert Kennedy Jr est une figure de proue, sur le modèle du slogan MAGA de Donald Trump (Rendre sa grandeur à l'Amérique).
"C'est un exemple flagrant de la corruption menée par les entreprises chimiques", juge-t-elle auprès de l'AFP, ne cachant pas son amertume face à la quasi-omission des pesticides.
Le rapport insiste en effet davantage sur l'utilisation de "technologies de précision" pour réduire leur emploi dans l'agriculture que sur de possibles interdictions, un manquement qui n'entame pour autant pas sa confiance dans Robert Kennedy Jr., ancien avocat reconnu en droit de l'environnement et fervent critique des pesticides et de la malbouffe.
Le ministre avait par ailleurs promis de lutter contre la "surmédicalisation" des enfants américains, en renforçant l'encadrement des vaccins et en bannissant les publicités pharmaceutiques, qu'il accuse de jouer un rôle dans ce qu'il qualifie d'"épidémie" des maladies chroniques.
- Un rapport polémique -
Les Etats-Unis sont en effet le seul pays au monde, avec la Nouvelle-Zélande, à autoriser les laboratoires pharmaceutiques à faire la publicité de leurs traitements.
Au lieu d'une interdiction, un renforcement de la législation sur cette publicité a été annoncé mardi.
Ce plan d'action contre les maladies chroniques avait été précédé il y a quelques mois de la publication d'un premier rapport portant sur les causes.
Ce dernier avait pointé dudoigt la possible responsabilité de l'alimentation ultra-transformée, des pesticides ou encore des écrans dans le développement des maladies chroniques chez les enfants, tout en semant le doute sur les vaccins.
Robert Kennedy Jr, qui s'est fait à plusieurs reprises le relais d'une fausse théorie établissant un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons et rubéole) et l'autisme, s'en est pris ces derniers mois à de multiples reprises aux recommandations vaccinales américaines.
Jugées en partie simplistes ou non fondées pour certaines sur les consensus scientifiques, les conclusions du premier rapport avaient d'autant plus suscité la polémique qu'elles reposaient en partie sur des études scientifiques... créées de toute pièce.

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Lexique
Glycémie à jeun > 1,26 g/L ou 7 mmol/L ;
Glycémie dans la journée > 2g/L avec signes cliniques de diabète.
diabète de type I : lié à une absence ou une insuffisance de sécrétion d'insuline, c'est le moins fréquent. Il survient volontiers chez des sujets jeunes. Le traitement nécessite de l'insuline (diabète insulinodépendant ou insulinonécessitant) ;
diabète de type II : la sécrétion d'insuline est maintenue, mais il existe un certain degré de résistance à l'insuline et les taux de glycémie sont élevés. C'est la forme la plus fréquente, elle apparaît volontiers après l'âge de 40 ans, son traitement ne fait pas appel à l'insuline (diabète sucré non insulinodépendant) ;
diabètes secondaires (maladie du pancréas, certains médicaments, origine génétique, malnutrition, autres maladies endocriniennes...).