Actualité Santé Française
Grippe: les sénateurs rétablissent la vaccination obligatoire pour les soignants
Lors d'un vote, les sénateurs ont restitué la vaccination obligatoire contre la grippe pour les soignants, une mesure écartée par les députés. Un article de loi stipule que cela s'applique aux soignants en libéral avec une recommandation de la Haute Autorité de santé. Les débats ont mis en avant des préoccupations éthiques quant au consentement des résidents des Ehpad. Malgré le soutien des sénateurs, la ministre de la Santé a alerté sur le faible taux de vaccination chez les soignants, surtout au regard des décès liés à la grippe en 2024.
Jean-Christophe VERHAEGEN - AFP/Archives
Les sénateurs ont approuvé dimanche à main levée la vaccination obligatoire contre lagrippe des soignants exerçant à titre libéral, qui avait été écartée par les députés lors de l'examen en première lecture du budget de la Sécurité sociale pour 2026.
Un article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale prévoit dans sa version initiale que "sous réserve d'une recommandation" de la Haute Autorité de santé (HAS), la vaccination contre lagrippe soit obligatoire pour les personnes résidant en Ehpad "pendant la période épidémique".
La même obligation, conditionnée à une recommandation de la HAS, est prévue pour "les professionnels de santé exerçant, à titre libéral, une profession listée dans un décret en Conseil d'État".
Ce décret devrait préciser les "conditions d'exercice" des soignants et "l'exposition à des risques de contamination", notamment pour les personnes dont ils sont chargés.
L'article a été rejeté à l'Assemblée, l'alliance RN-UDR et La France insoumise votant contre. Le RN avait défendu la "liberté vaccinale" et LFI s'était inquiétée du sort des résidents qui refuseraient.
Les sénateurs l'ont au contraire approuvé, non sans avoir adopté au préalable un amendement de la rapporteure générale Corinne Imbert (LR) supprimant l'obligation vaccinale pour les résidents des Ehpad, contre l'avis du gouvernement.
Soulignant que le taux de couverture des résidents est déjà élevé (83%), Mme Imbert a estimé que l'obligation posait pour les résidents "des questions éthiques sensibles, notamment celle du consentement aux soins, d'autant plus complexe à appréhender pour des personnes qui peuvent souffrir de troubles cognitifs".
Elle a aussi fait valoir qu'"aucune conséquence concrète (...) ne pourrait être tirée d'un refus de vaccination", car "on ne saurait imaginer (...) une expulsion de personnes vulnérables de leurs structures d'hébergement parce qu'ils refusent de se faire vacciner".
La ministre de la Santé Stéphanie Rist a émis un avis défavorable, soulignant que le taux de 83% pouvait masquer de fortes disparités en fonction des établissements.
La HAS doit exprimer au printemps une recommandation sur une obligation vaccinale en 2026 contre lagrippe des professionnels de santé exerçant dans les structures hospitalières et médicosociales.
L'épidémie degrippe a provoqué en 2024 17.000 décès, une flambée qui a eu un fort impact sur les hôpitaux et relancé la question sensible d'une telle obligation, alors que seuls "21% des soignants sont vaccinés contre lagrippe ", selon Mme Rist.
Lexique
des signes généraux : fièvre élevée pouvant durer 5 jours, sensation de froid, frissons, céphalées, douleurs musculaires, douleurs à la mobilisation des yeux, sensation de malaise général...
des signes respiratoires qui augmentent en intensité progressivement : toux sèche, écoulement nasal avec parfois obstruction nasale, enrouement, parfois mal de gorge.
Elles sont principalement pulmonaires, pneumopathies dues directement à la grippe, ou secondaires à une surinfection bactérienne, ou encore aggravation d'un asthme (voir asthme aigu grave ), d'une bronchite chronique ...
Elles apparaissent plus fréquemment chez les sujets ayant une pathologie cardiaque, pulmonaire... préexistante, mais aussi chez les sujets immunodéficients ou au cours de la grossesse.
Rarement, c'est un tableau de grippe maligne survenant quelques jours après le début d'une grippe commune. Elle est due au virus lui-même : apparition d'un oedème pulmonaire avec insuffisance respiratoire aiguë et parfois complications cardiaques, hépatiques, rénales, ménigo-encéphalite. Elle est souvent mortelle et, en cas de survie, les séquelles sont la règle.