Santé
La ménopause mieux prise en compte en France ?
Après des décennies de silence, la ménopause est enfin prise en compte en France. Un rapport parlementaire présente 25 recommandations pour améliorer sa reconnaissance et sa gestion. Le gouvernement prévoit une consultation médicale dédiée, visant à accompagner les femmes dès 45 ans, tout en soulignant l'importance de former les professionnels de santé sur cette thématique. Les effets souvent négligés de la ménopause sur la vie personnelle et professionnelle des femmes sont également mis en lumière, avec des statistiques inquiétantes sur l'impact des symptômes.

Après des décennies de silence, la ménopause commence peu à peu à se faire une place dans le débat public. Sujet longtemps ignoré, tant dans le champ médical que dans la sphère professionnelle, elle touche pourtant – ou touchera – près de 17 millions de femmes en France.
Face à ce constat, des voix politiques et sanitaires se sont élevées pour proposer des solutions concrètes. Une initiative qui a reçu un écho favorable de la part du Gouvernement cette semaine.
Un rapport pour faire bouger les lignes
Jeudi 9 avril, un rapport de parlementaires a été soumis au gouvernement pour améliorer la reconnaissance et la gestion de la ménopause. Ce document de 177 pages contient notamment 25 recommandations pour « garantir une prise en charge adaptée aujourd’hui impossible du fait d’inégalités sociales et territoriales ».
Pour alimenter leurs travaux, les parlementaires ont lancé une large consultation. Plus de 2 000 femmes ménopausées ont été interrogées via un questionnaire en ligne. Le succès de cette initiative a trouvé un écho immédiat au sein du gouvernement : la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, ayant annoncé hier la création d’une consultation médicale dédiée à la ménopause, intégrant les volets gynécologiques, cardiovasculaires et ostéoarticulaires.
Des répercussions sur la vie personnelle et professionnelle
Le rapport met en évidence des conséquences souvent passées sous silence : troubles du sommeil, bouffées de chaleur, fatigue persistante, sautes d’humeur… Autant de symptômes qui pèsent sur le quotidien et la vie professionnelle des femmes. Les chiffres parlent d’ailleurs d’eux-mêmes. Selon une étude Alan / Harris Interactive de 2022 :
- 20 % des femmes ménopausées estiment que leur carrière est freinée par les effets de la ménopause ;
- 21 % déclarent avoir pris des arrêts de travail de plusieurs jours à cause de ces troubles.
À ceci s’ajoute le fait que les femmes sont rarement accompagnées de manière proactive par le système de santé.
Une visite envisagée à partir de la 45e année
La consultation spécifique évoquée par la ministre devrait être proposée dès les premiers signes, autour de 45 ans. Elle visera à orienter rapidement les patientes vers une prise en charge adaptée, sans attendre que les symptômes deviennent invalidants. Cette mesure sera intégrée au parcours de soins dès 2025.
Enfin, le gouvernement souhaite renforcer la formation des professionnels de santé, trop souvent démunis face à ce sujet. Généralistes comme gynécologues manquent parfois d’outils pour bien accompagner leurs patientes, ce qui peut entraîner des diagnostics tardifs ou des réponses thérapeutiques inadaptées.
Mieux accompagner la prise en charge
Le rapport met également en lumière un isolement persistant : de nombreuses femmes se retrouvent livrées à elles-mêmes, confrontées à une profusion d’informations parfois contradictoires. Cette confusion alimente un sentiment d’angoisse, voire d’abandon, au moment même où elles auraient besoin d’un accompagnement clair et rassurant.
Parmi les sujets sensibles abordés, celui du traitement hormonal de la ménopause (THM) occupe une place centrale. Malgré son efficacité avérée dans de nombreux cas, ce traitement reste très peu prescrit en France : seules 2,5 % des femmes ménopausées y ont recours, alors qu’environ un quart d’entre elles pourraient, sur le plan médical, en bénéficier.
Face à ce constat, la Haute Autorité de santé (HAS) a été saisie pour établir de nouvelles recommandations. L’objectif est de mettre fin aux discours divergents et d’instaurer une parole médicale unique, fondée sur les données scientifiques, pour mieux accompagner les femmes dans leurs choix de traitement.