Retraite
Réforme des retraites : une majorité de Français favorable à un référendum

Un an après son adoption, la réforme des retraites portée par le gouvernement continue de diviser profondément. Un sondage commandé par la CGT lève le voile sur le ressenti des Français. Sans surprise, le recul de l’âge de départ à la retraite reste majoritairement mal accueilli.
Un rejet massif et constant
Alors que la CGT a claqué la porte du « conclave » sur les retraites, elle a publié lundi un sondage réalisé par l’institut Ifop et que la secrétaire générale de l’organisation syndicale, Sophie Binet, a mis en avant pour défendre ses idées. Elle a estimé ainsi, dans une interview sur France Inter, que « les Françaises et les Français n’ont pas du tout tourné la page » depuis la réforme de 2023, adoptée sans vote des députés. Ils y seraient ainsi même très fortement opposés.
Selon le sondage, près de deux Français sur trois (65 %) se disent favorables à l’abrogation du texte. Ce rejet reste particulièrement fort chez les femmes (73 %) et les moins de 35 ans (71 %).
Un appel au référendum
« La solution en matière de retraite, c’est la démocratie. Le Parlement doit pouvoir voter ou les Françaises et les Français doivent pouvoir voter », a déclaré la patronne de la CGT. Là encore, elle s’appuie sur les résultats du sondage pour appuyer ses propos. L’étude révèle notamment que :
- 68 % des Français sont favorables à l’organisation d’une telle consultation ;
- Le pourcentage de votes exprimés en faveur d’une abrogation atteint les 65 %.
La réforme, perçue par beaucoup comme une injustice sociale, continue ainsi de cristalliser les critiques. Les femmes, en particulier, y voient une mesure pénalisante pour leurs carrières souvent hachées ou à temps partiel. Quant aux jeunes actifs, ils remettent en question la pérennité et la légitimité d’un système qu’ils jugent déconnecté de leurs réalités.
Des oppositions plus marquées à gauche et aux extrémités de l’échiquier politique
L'enquête de l'Ifop note que ce sont les sympathisants de gauche, d’extrême gauche et d'extrême droite qui adhèrent le plus à l'idée d'une abrogation. Celle-ci est souhaitée par :
- 88 % des proches de LFI ;
- 64 % des sympathisants communistes et écologistes ;
- 62 % des socialistes et de Place publique ;
- 82 % des sympathisants du RN.
En revanche, seuls 21 % des sympathisants Renaissance et 29 % des proches des Républicains seraient d’accord pour changer la réforme.
La question cruciale de l’âge de départ à la retraite
Concernant les différents seuils d’âge de départ à la retraite, là encore, la majorité des répondants espère un retour à 62 ans, voire 60 ans.
- Pour les 62 ans, six Français sur dix (61 %) ainsi que 68 % des salariés le souhaitent ;
- Pour les 60 ans, la tendance est moins marquée, même si elle reste majoritaire : 56 % de l'ensemble des Français et 66 % des salariés y sont favorables.
La retraite : une inquiétude plus qu’une opportunité ?
L’autre révélation – inquiétante - de l’étude concerne un constat sur l’avenir : la retraite est redoutée par un Français sur deux. Cette crainte touche surtout les foyers modestes et les classes moyennes, tandis qu’elle reste minoritaire parmi les plus aisés (seuls 21 % des hauts revenus se disent préoccupés).
En revanche, l’attachement au modèle de retraite par répartition reste fort. Celui-ci demeure le modèle préféré pour 70 % des Français, bien devant la capitalisation, qui ne convainc que 3 personnes sur 10.