Retraite
Quelle est cette « prime pour seniors » proposée par François Bayrou ?
François Bayrou a récemment dévoilé une 'prime pour seniors' destinée à encourager les salariés proches de la retraite à continuer de travailler. Bien que l'idée vise à transformer les comportements face à la fin de carrière, elle est mal accueillie par les syndicats, qui réclament des changements sur l'âge légal de départ à la retraite. La proposition, qui pourrait permettre aux travailleurs âgés de percevoir une fraction de leur pension tout en restant en emploi, survient dans un contexte difficile de discussions sur le système de retraite et pourrait prolonger les négociations au sein des partenaires sociaux.

Alors que les discussions sur l’avenir du système de retraite touchent à leur fin, François Bayrou a dévoilé une idée inattendue : une prime destinée aux salariés proches de la retraite qui choisissent de rester en poste.
Un signal mal accueilli par les syndicats et envoyé en toute fin de conclave, dans un climat où le consensus semble difficile à atteindre entre les partenaires sociaux.
Un coup de pouce plutôt qu’une mesure coercitive
Est-ce l’ultime tentative pour débloquer un conclave qui patine ? Le Premier ministre a indiqué lundi qu’il avait proposé aux syndicats et au patronat la création d’un dispositif incitatif pour les seniors encore en emploi. Cette « prime » serait versée aux salariés ayant atteint l’âge de la retraite, mais qui font le choix de poursuivre leur activité professionnelle.
« L'idée que [pour] un salarié qui aurait atteint ses droits à la retraite, s'il décide de rester au travail, on peut lui verser une partie de sa retraite en plus de son salaire », a-t-il expliqué, en réaction à une information publiée la veille dans La Tribune Dimanche.
Une mesure qu’il a défendue lors d’un déplacement au salon du Bourget : « C'est une proposition que j'ai faite individuellement à chacun des protagonistes » et « je suis persuadé que tout le monde a à y gagner ».
Un changement de regard sur les fins de carrière
À ce stade, les modalités concrètes de cette prime restent floues. Mais dans l’esprit du Premier ministre, elle doit agir comme un levier suffisamment puissant pour faire évoluer les comportements : encourager les actifs en fin de parcours à rester dans l’emploi, et inciter les employeurs à les conserver. Au-delà de l’enjeu budgétaire, c’est une tentative de transformer le rapport au travail en fin de carrière.
François Bayrou ne s’en cache d’ailleurs pas, puisqu’il souhaite créer un « encouragement à l'activité » de nature à « faire changer le pourcentage de personnes restant au travail ».
En quoi cela diffère-t-il du cumul emploi-retraite ? Là où le cumul classique impose d’avoir liquidé l’ensemble de ses droits pour reprendre un emploi, ce mécanisme fonctionnerait à l’inverse : il autoriserait les travailleurs âgés à prolonger leur activité tout en recevant une fraction de leur pension, appelée « prime ».
Des syndicats vent debout contre la mesure
L’accueil côté syndicats a été glacial. Nombre d’entre eux refusent d’aborder un prolongement de l’activité sans un retour préalable de l’âge légal de départ à 62 ans. La CPME, par la voix de son président Amir Reza-Tofighi, a rappelé aux Échos que « le sujet majeur pour arriver à un accord sur le conclave est de traiter la pénibilité tout en rétablissant durablement l'équilibre financier du régime ».
Même son de cloche du côté de la CFE-CGC : son président a confié aux Échos être « tombé de l’armoire » à l’annonce de cette proposition, la jugeant « totalement aberrante ».
Il faut dire que le timing est mal choisi : ces dernières semaines, les partenaires sociaux ont plutôt travaillé sur un resserrement du dispositif de cumul emploi-retraite. Une extension de celui-ci apparaît donc, à leurs yeux, à contre-courant des discussions.
Vers un report du conclave ?
Initialement, le conclave sur les retraites devait s’achever ce mardi, avec à la clé un rapport remis au gouvernement. Mais face aux désaccords persistants, François Bayrou a ouvert la porte à un délai supplémentaire : « C'est un enjeu décisif pour la société française donc s'ils ont besoin de quelques jours de plus il n'y a aucune difficulté », a-t-il finalement précisé.