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Indépendants : une retraite moyenne encore (très) loin des standards des salariés

Une nouvelle étude de l’Insee met en lumière les fortes disparités entre les pensions perçues par les travailleurs indépendants. Selon leur secteur d’activité - artisanat, commerce ou professions libérales - les montants varient du simple au quadruple.

Un écart qui s’explique par des trajectoires professionnelles hétérogènes et des niveaux de cotisation contrastés. Décryptage d’un système encore très inégalitaire.

Des pensions variables selon les secteurs

L’édition 2025 de l’étude de l’Insee intitulée « Pensions de retraite des non-salariés » s’intéresse aux 15,7 millions de personnes touchant une pension de droit direct en France. Parmi elles, 1,4 million sont d’anciens indépendants, issus d’univers professionnels variés (exploitants agricoles, artisans, commerçants, professions libérales…).

Les données, portant sur l’année 2020, révèlent d’importants écarts entre les différentes branches. En moyenne, la pension totale brute tous régimes confondus (avant prélèvements sociaux, hors réversion et minimum vieillesse) des anciens non-salariés s’élevait à 1 180 euros. Soit près de 400 euros de moins que la moyenne de l’ensemble des retraités (1 540 euros).

Les professions libérales mieux loties que les agriculteurs

C’est en examinant les détails que les inégalités apparaissent le plus nettement. Les professions libérales perçoivent les pensions les plus élevées, avec une moyenne de 2 570 euros bruts par mois. À l’autre extrémité du spectre, les anciens agriculteurs doivent se contenter de 810 euros mensuels.

Pire encore : un quart des anciens non-salariés - soit environ 350 000 personnes - touchent une pension inférieure à 800 euros par mois, soit moins encore que les anciens exploitants agricoles.

Le poids du genre dans les inégalités de retraite

L’Insee met également en évidence un écart significatif entre les pensions des femmes et celles des hommes. Chez les indépendants, les femmes perçoivent en moyenne une pension nettement inférieure à celle des hommes.
L’écart atteint :

  • 31 % parmi les exploitants agricoles ;
  • 41 % chez les artisans-commerçants.

À titre d’exemple, « une ex-agricultrice touche une retraite de 670 euros par mois alors qu’un homme ayant exercé une profession libérale s’en sortira avec une coquette somme de 2 930 euros bruts mensuels » indique l’Insee.

Cette différence, qui peut représenter jusqu’à 7 200 euros sur une année, s’explique par de nombreux facteurs : interruptions de carrière plus fréquentes, travail à temps partiel, moindre accès aux professions les mieux rémunérées…

Les femmes, en ayant souvent des carrières plus hachées, accumulent moins de droits à la retraite. Un constat déjà établi dans le régime général des salariés, mais encore plus marqué chez les indépendants.

Les régimes complémentaires non pris en compte

L’Insee souligne toutefois que cette étude ne prend en compte que les pensions versées par le régime général. « Une fraction de leur pension totale peut provenir d’autres régimes », rappelle l’institut - il peut s’agir de régimes complémentaires obligatoires ou de produits d’épargne individuelle comme les PER.

Certes, ces compléments permettent parfois d’améliorer sensiblement les pensions les plus faibles, mais ils ne suffisent pas à compenser les écarts observés sur la retraite de base.

Rappelons qu’en novembre 2021, le montant des pensions agricoles a été relevé : il est passé de 75 % à 85 % du Smic net agricole pour les anciens chefs d’exploitation ayant une carrière complète. Une avancée bienvenue… mais qui laisse de nombreux retraités indépendants encore loin d’un niveau de vie décent.

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