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Vers une baisse du pouvoir d’achat des retraités ? La proposition choc du Comité de suivi des retraites

Dans un avis publié le 10 juillet 2025, le Comité de suivi des retraites (CSR) tire la sonnette d’alarme sur la trajectoire financière du système de retraite français. Pour contenir les déficits attendus entre 2025 et 2030, il recommande une mesure sensible : la sous-indexation des pensions sur l’inflation.

Un objectif de pérennité financière jugé non respecté

Le Comité de suivi des retraites, instance indépendante composée de cinq experts récemment renouvelés, estime que le système de retraite par répartition s’éloigne de son objectif de soutenabilité financière. Son avis annuel, remis au gouvernement, au Parlement et aux organismes de retraite, l’indique clairement : « l’objectif de pérennité financière du système de retraites par répartition n’est pas respecté. »

Face aux déficits de court terme, entre 2025 et 2030, le CSR appelle à des « mesures de redressement » pour rétablir l’équilibre. Il souligne que si rien n’est fait, la situation pourrait compromettre la stabilité du système à long terme.

La solution prônée par le CSR : la sous-indexation des pensions sur l’inflation

Le principal levier évoqué dans cet avis est la sous-indexation des pensions dans les régimes de base, c’est-à-dire une revalorisation des pensions inférieure à l’inflation. Cette solution permettrait, selon le comité, de générer rapidement des économies pour compenser les déséquilibres d’ici 2030.

Il ne s’agit pas d’une décision anodine : si elle était appliquée, les retraités verraient leur pouvoir d’achat baisser progressivement, leur pension n’augmentant plus aussi vite que les prix à la consommation.

Un levier limité dans le temps

Le CSR reconnaît cependant les limites de ce levier. Au-delà de 2030, il estime que la sous-indexation ne suffira plus. Il appelle donc à anticiper dès à présent de nouvelles mesures d’équilibre pour la période 2030-2050. Toutefois, le comité se garde bien d’en détailler le contenu.

Il écarte en revanche l’option d’une hausse des cotisations, jugée peu souhaitable dans un contexte de charges sociales déjà élevées en France comparé aux autres pays européens.

Pas de nouvelle réforme paramétrique dans l’immédiat

Le CSR plaide également pour une pause dans les réformes structurelles, au moins à court terme. Il rappelle que les mesures d’âge et de durée d’assurance adoptées dans le cadre de la réforme des retraites de 2023 (dont le report progressif de l’âge légal à 64 ans) sont encore en phase de montée en charge. Ajouter de nouvelles contraintes dès maintenant serait, selon lui, « ni possible, ni souhaitable ».

Une recommandation rare, mais symbolique

Depuis sa création en 2014, le CSR n’a émis qu’une seule autre recommandation formelle, en 2017. Celle-ci avait inspiré une première tentative de réforme autour de l’instauration d’un âge pivot, qui n’avait finalement pas abouti.

Le nouveau président du comité, Franck Von Lennep, ancien directeur de la Sécurité sociale, s’inscrit donc dans une démarche de continuité mais aussi de vigilance renforcée. L’avis publié le 10 juillet constitue un signal fort à destination de l’exécutif, dans un contexte où les projections du Conseil d’orientation des retraites (COR) ont récemment confirmé des déséquilibres durables du système.


 À RETENIR :

  • Le CSR recommande une sous-indexation des pensions pour équilibrer les comptes d’ici 2030.
  • D'autres mesures seront nécessaires pour la période 2030-2050.
  • Pas de hausse de cotisation ni de nouvelle réforme structurelle à court terme.
  • Ce type de recommandation reste exceptionnel et marque une étape dans la surveillance du système.
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