Rémunération
Paiement des salaires : une proposition de loi pour permettre le versement chaque semaine
Le député Jean Laussucq a déposé une proposition de loi, bientôt débattue à l’Assemblée nationale, pour permettre aux salariés français d’opter, sur la base du volontariat, pour un versement hebdomadaire de leur salaire. Actuellement, seuls des acomptes mi-mensuels sont possibles. Inspirée des pratiques anglo-saxonnes, cette mesure vise à lisser les rentrées d’argent, faciliter le pilotage budgétaire, réduire les frais bancaires liés aux découverts et promouvoir une éducation financière indirecte. Les services RH et comptables devront adapter leurs outils, mais la mensualisation restera une option.

Recevoir son salaire en fin de mois est une habitude bien ancrée dans le paysage professionnel français. Mais une proposition de loi déposée à l’Assemblée nationale pourrait bien rebattre les cartes.
Son objectif : permettre aux salariés d’opter, s’ils le souhaitent, pour un versement hebdomadaire de leur rémunération. Une idée qui bouscule les usages, mais qui répond à une demande croissante de la population pour plus de souplesse et de maîtrise budgétaire.
Une initiative bientôt débattue à l’Assemblée nationale
Australie, États-Unis, Nouvelle-Zélande… Dans plusieurs pays anglo-saxons, percevoir son salaire toutes les deux semaines, voire chaque semaine, n’a rien d’inhabituel, en particulier pour les emplois peu qualifiés ou à temps partiel.
Cette pratique pourrait-elle s’implanter en France ? C’est en tout cas le souhait du député Ensemble pour la République Jean Laussucq (Renaissance), qui a déposé en mars une proposition de loi en ce sens. Le texte devrait être examiné prochainement à l’Assemblée nationale.
Actuellement, en France, les salariés ne peuvent pas demander un échelonnement de leur rémunération. Seul un acompte sur salaire, versé autour du 15 du mois, est possible. Le texte proposé viendrait donc combler un vide juridique et offrirait une alternative au modèle unique de la mensualisation, instauré en 1978.
Redonner du pouvoir d’achat, semaine après semaine
La réforme n’imposerait pas un versement hebdomadaire, mais en ouvrirait la possibilité, sur la base du volontariat. L’objectif est double :
- Offrir aux salariés une plus grande autonomie dans la gestion de leurs finances ;
- Adapter les pratiques de rémunération aux nouveaux modes de vie et de consommation.
Selon Jean Laussucq, les Français déboursent chaque année près de 7 milliards d’euros en frais bancaires ou agios, principalement en raison des fins de mois difficiles et des découverts. En lissant les rentrées d’argent, le versement hebdomadaire permettrait de mieux répartir les dépenses et de réduire cette pression financière.
Ce système pourrait particulièrement bénéficier aux travailleurs précaires, aux jeunes actifs ou encore à ceux qui font face à des charges fixes importantes. La logique est simple : puisque les dépenses sont étalées, pourquoi ne pas percevoir ses revenus au même rythme ?
Des effets positifs sur le comportement financier
Selon une étude OpinionWay menée pour Stairwage, une entreprise spécialisée dans les avances sur salaire, 63 % des Français aimeraient ne plus avoir à attendre la fin du mois pour être payés. Chez les moins de 35 ans, cette proportion grimpe à 75 %, et démontre une attente forte de la part des jeunes générations.
Au-delà de la flexibilité, ce mode de paiement favoriserait aussi de meilleurs réflexes budgétaires. Recevoir son salaire chaque semaine, c’est aussi apprendre à répartir ses dépenses plus régulièrement, sans céder à l’euphorie d’un versement unique et conséquent. Ce fonctionnement plus cadencé pourrait aider à planifier ses achats, à anticiper ses factures et à éviter les excès.
En cela, il s’agit d’une forme d’éducation financière indirecte : elle incite à réfléchir différemment à l’utilisation de ses ressources pour encourager une gestion plus saine, plus fluide et moins stressante du budget quotidien.
Un changement organisationnel pour les entreprises
Si cette proposition séduit par sa souplesse, elle va sans doute soulever des inquiétudes, notamment du côté des employeurs. Instaurer une paie hebdomadaire impliquera de revoir les processus administratifs. Pour les services RH et comptables, une adaptation des outils de gestion sera demandée.
Rappelons que la mensualisation avait été mise en place en 1978 pour homogénéiser les rémunérations, notamment en intégrant plus facilement les jours fériés. Passer à un rythme hebdomadaire suppose donc une refonte des pratiques – loin d’être insurmontable - dans certaines structures.
La proposition du député Laussucq ne remet toutefois pas en cause la mensualisation. Elle propose simplement que les salariés puissent, s’ils le souhaitent, être payés par fractions – par exemple les 7, 14 et 21 de chaque mois. Une approche progressive, afin de concilier souplesse individuelle et stabilité collective.