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La collecte du Livret A signe son pire mois d’avril depuis 15 ans : pourquoi ce désintérêt ?

La Caisse des Dépôts (CDC) a publié ce jeudi 22 mai ses données sur la collecte mensuelle en avril 2025 du Livret A, du LDDS et du LEP. Si les encours sur ces livrets demeurent très élevés (600 milliards d’euros), le Livret A a connu son pire mois d’avril depuis 15 ans, avec une collecte nette de – 200 millions d’euros.

Pourquoi ce désintérêt ? Éléments de réponse.

Le désamour des français pour les livrets d’épargne réglementés

Les chiffres publiés par la Caisse des Dépôts font état :

  • Le Livret A a connu une collecte nette négative (- 200 millions) en avril 2025, une décollecte nette inédite par son montant depuis 2009, année où la distribution du Livret A s’était généralisée à l’ensemble des banques ;
  • Le Livret développement durable et solidaire (LDDS), qui bénéficie du même taux de rémunération que le Livret A (soit 2,4 % depuis février) finit quant à lui dans le vert, avec une collecte nette de + 310 millions d’euros ;
  • Le Livret d’épargne populaire (LEP), destiné aux foyers modestes, a aussi subi un brusque recul de -1,96 milliard d’euros (contre -270 millions sur le même mois en 2024) malgré son taux de rémunération supérieur (3,5 %). La décollecte faramineuse sur les LEP en avril a cependant une explication technique. Ce livret est soumis à des conditions de ressources, et les banques clôturent habituellement les comptes des personnes qui ne remplissent plus les conditions de ressources en avril. Cependant, l’écart sur un an suggère des retraits supérieurs aux versements.

Qu’en est-il du cumul des montants collectés depuis le début de l’année sur les deux produits frères que sont le Livret A et le LDDS ? Là encore, la baisse d’intérêt est flagrante : l’année dernière, sur la même période, le cumul sur ces deux livrets s’élevait à 11,3 milliards d’euros. Cette année, le cumul ne s’élève qu’à 3,6 milliards d’euros.

Pour autant, ces trois livrets restent très garnis : les encours demeurent à des niveaux historiquement hauts : 444 milliards d’euros pour le Livret A et 162,7 milliards d’euros pour le LDDS. L’année 2024 avait d’ailleurs été exceptionnellement bonne en la matière, avec une collecte nette de 16,8 milliards d’euros, boostée par le mois de décembre (3,93 milliards d’euros de collecte).

infographie comparatif livret A et LDDS

Comment expliquer cette situation ?

La baisse des taux de rémunération est un premier élément de réponse : en février 2024, le taux de rémunération du Livret A et du LDDS a subi une baisse de -0,6 % : ils sont désormais rémunérés à hauteur de 2,4 % contre 3 % depuis février 2023. Cette baisse de rémunération joue un rôle dissuasif pour les épargnants, soucieux de la rentabilité de leur épargne.

infographie taux du livret A depuis 2015

Un très récent rapport d’information du Parlement sur la rémunération de l’épargne populaire et des classes moyennes s’est d’ailleurs inquiété de l’érosion monétaire liée à certains comptes épargne. Et pour cause : la rémunération des supports d’épargne populaire (dont font partie le Livret A et le LDDS) est inférieure à l’inflation, entraînant l’érosion progressive des avoirs placés.

Les sommes placées perdent peu à peu de la valeur, de manière mécanique : un placement à 3 % qui est confronté à une inflation de 5 %, par exemple, revient à une perte de pouvoir d’achat de 2 %. Si le phénomène n’est pas nouveau, il s’est accéléré du fait de la remontée des prix de ces dernières années.

Le rapport parlementaire amène à repenser l’épargne réglementée, via une réforme amenant « plus de clarté, d’efficacité et d’efficience en termes de rendement » selon les mots du co-rapporteur François Jolivet (Horizons).

 À NOTER

La baisse du taux du livret A a de forte chance de se poursuivre : il pourrait plonger à 1,7 % au 1er août 2025.

L’assurance vie plus attractive ?

L’assurance vie, de son côté, fait le chemin inverse : les cotisations d’assurance vie n’ont jamais été aussi élevées pour un mois de mars. La collecte nette atteint les +4 milliards d’euros pour la première fois sur un mois de mars en 15 ans.

L’encours total sur ce produit s’établit désormais à 2 025 milliards d’euros à la fin mars 2025, en hausse de +3,7 % sur un an.

Pour rappel, les produits d’épargne réglementés et l’assurance vie n’ont pas le même objectif, bien qu’ils soient parfaitement complémentaires :

  • Le Livret A et le LDDS constituent une épargne de précaution idéale : totalement liquides, sans risque et exonérés de toute fiscalité, ils offrent une réserve financière immédiatement disponible en cas de besoin.
  • L’assurance vie, quant à elle, s’inscrit dans une perspective de moyen et long terme. Elle permet d’investir sur des fonds en euros sécurisés ou de dynamiser son épargne via les unités de compte. C’est aussi un outil patrimonial de premier plan, notamment pour préparer la transmission de son capital, avec une fiscalité particulièrement avantageuse après huit années de détention.

infographie livret a vs assurance vie

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