Epargne
Le mois d’octobre confirme la crise du Livret A et du LDDS
En octobre, les retraits de Livret A et LDDS continuent de dépasser les dépôts, marquant une crise d’épargne que l'on n’avait pas observée depuis 2009. Les épargnants se dirigent vers l'assurance vie, où les fonds euros affichent un rendement compétitif. Cette dynamique pourrait s’accentuer avec des prévisions de taux d’intérêt en baisse, laissant présager une poursuite de la décollecte jusqu’en février.
Après un été déjà marqué par plusieurs périodes de retraits massifs, le mois d’octobre enfonce un peu plus le clou : pour le deuxième mois consécutif, les retraits dépassent largement les dépôts sur le Livret A et du LDDS. Il s’agit même de la plus forte décollecte depuis le début des statistiques officielles en 2009.
Une dynamique de décollecte historique
Face à un rendement devenu quasi famélique (1,7 % depuis août 2025) - et qui pourrait encore diminuer en février prochain - les Français commenceraient-ils à distinguer plus clairement l’épargne d’urgence de l’investissement de croissance ? Les derniers chiffres publiés lundi par la Caisse des dépôts (CDC) semblent en tout cas aller dans ce sens.
En octobre, les épargnants ont retiré 5 milliards d’euros de plus qu’ils n’en ont déposé sur leurs Livrets A et Livrets de développement durable et solidaire (LDDS). Dans le détail, le Livret A affiche une sortie nette de 3,81 milliards d’euros, tandis que le LDDS enregistre une décollecte de 1,29 milliard d’euros.
Un effort d’épargne réorienté vers l’assurance vie
Mais « retrait » ne signifie pas forcément « dépense ». En réalité, cette décollecte traduit surtout une réallocation vers d’autres produits d’épargne jugés plus attractifs. C’est notamment le cas de l’assurance vie, et plus particulièrement celle sur les fonds en euros - eux aussi garantis - qui en profite.
Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne : « Ce placement bénéficie du rendement redevenu compétitif des fonds euros, attendu autour de 2,6 % en 2025 », soit bien davantage que le Livret A ou le LDDS, et très proche du LEP (2,7 %), l’autre grand produit réglementé mais réservé aux ménages respectant certaines conditions de revenus.
La tendance est très nette puisqu'en septembre dernier, 14,9 milliards d’euros ont été déposés sur des contrats d’assurance vie, le plus haut niveau jamais observé pour ce mois, selon France Assureurs.

Un mouvement qui pourrait s'amplifier d’ici février
Cette migration de l’épargne reflèterait donc une vraie prise de conscience : les Français, échaudés par la perspective de nouvelles baisses de taux, diversifient pour tenter de préserver leur capital. D’autant plus que les projections pour le Livret A et le LDDS en 2026 ne sont guère encourageantes.
Avec une inflation attendue autour de 1 % en 2026 selon l’Insee, et la baisse progressive des taux directeurs de la BCE pour soutenir l’économie de la zone euro, tout converge vers une nouvelle baisse du taux du Livret A à compter du 1er février prochain.
Le gouverneur de la Banque de France lui-même a confirmé que, sans rebond de l’inflation ou des taux, le Livret A pourrait même descendre sous la barre de 1,5 % d’ici fin 2026. Selon la plupart des observateurs, le scénario le plus probable est un taux autour de 1,5 % dès février 2026 pour le livret A et le LDDS, tandis que le LEP pourrait avoisiner les 2 %.