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Des pays s'accordent pour interdire le mercure dans les plombages dentaires d'ici 2034
Des représentants de différents pays se sont réunis à Genève pour signer un accord interdisant l'utilisation de mercure dans les plombages dentaires d'ici 2034. Cette décision, prise lors de la sixième conférence de la Convention de Minamata, vise à réduire les risques que le mercure fait peser sur la santé humaine et la planète. Avec des alternatives existantes, l'interdiction représente une avancée significative pour la santé publique. Des mesures supplémentaires continueront d'être appliquées pour lutter contre la pollution au mercure.
SEBASTIEN BOZON - AFP/Archives
Des pays sont convenus vendredi de supprimer l'utilisation du mercure dans les plombages dentaires d'ici 2034, lors d'une conférence à Genève visant à réduire les dommages causés par ce métal toxique.
Des représentants de ces pays se sont accordés pour "mettre fin à l'utilisation des amalgames dentaires d'ici 2034, marquant une étape historique dans la réduction de la pollution au mercure", a annoncé la conférence des parties à la Convention de Minamata sur le mercure (COP-6), dans sa déclaration de clôture.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère le mercure comme l'un des dix produits chimiques les plus préoccupants pour la santé publique, le qualifiant de "toxique pour la santé humaine".
"Il est inexcusable que les gouvernements du monde entier autorisent encore les composés à base de mercure dans les soins de santé alors qu'il existe des alternatives sûres", a déclaré le ministre américain de la Santé Robert Kennedy Jr., dans un message vidéo, lors de la réunion.
Les amalgames dentaires sont utilisés depuis plus de 175 ans par les dentistes comme matériau de remplissage pour traiter lescaries
Depuis janvier, l'interdiction de l'utilisation d'amalgames dentaires au mercure est devenue généralisée dans l'Union européenne - avec une dérogation de 18 mois possible pour certains Etats - alors qu'elle ne concernait jusque-là que les enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes. Seule exception: si un amalgame est jugé strictement nécessaire par le dentiste en raison de besoins médicaux spécifiques.
- "Fléau" -
La Convention de Minamata sur le mercure est un traité international signé par plus de 120 pays visant à protéger la santé humaine et l'environnement des effets néfastes du mercure et de ses composés.
Adoptée en 2013, elle prévoit que les pays signataires prennent des mesures d'élimination progressive de l'utilisation des amalgames dentaires au mercure.
La sixième conférence des parties au traité, qui s'est tenue à Genève cette semaine, a adopté des amendements "établissant une élimination mondiale des amalgames dentaires d'ici 2034", selon la déclaration finale.
"Cet accord fondé sur des données scientifiques et limité dans le temps marque une étape décisive vers l'élimination totale de l'utilisation du mercure en dentisterie", selon le communiqué.
Cependant, un bloc de pays africains souhaitait aller plus loin, avec une interdiction de la production, importation et exportation des plombages à base de mercure à partir de 2030.
Plusieurs Etats se sont, eux, opposés à une telle mesure, comme l'Iran, l'Inde, mais aussi le Royaume-Uni, selon qui cette date butoir était trop avancée.
Un consensus a finalement été trouvé pour 2034.
"Nous venons d'ouvrir la porte à un nouveau chapitre du livre de l'histoire du mercure", a déclaré Monika Stankiewicz, secrétaire exécutive de la convention.
"La pollution au mercure est un fléau", a-t-elle ajouté. Cependant, "en nous comprenant mutuellement et en comblant nos divergences, nous pouvons faire une différence dans la vie des gens partout dans le monde".
Le président de la conférence, Osvaldo Alvarez Perez, a ajouté: "Nous avons fixé de nouveaux objectifs ambitieux et laissé le mercure un peu plus derrière nous".
Au total, la COP-6 a abouti à l'adoption de 21 mesures pour protéger santé et environnement de la pollution au mercure.
A la demande des pays africains, les parties se sont accordées pour poursuivre leurs efforts dans l'élimination des produits cosmétiques éclaircissants au mercure.
Lorsqu'il est ajouté aux cosmétiques, le mercure éclaircit la peau en supprimant la production de mélanine. Mais ce processus n'est pas permanent et est dangereux pour la santé.
"La convention interdit déjà l'utilisation du mercure dans les cosmétiques" mais les ventes "ont explosé dans le monde, en particulier en ligne", a expliqué Mme Stankiewicz à la presse.