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Les drogues de synthèse, une "menace émergente" en Europe, alerte l'agence européenne des drogues
L'UE a récemment démantelé 53 sites de production de drogues de synthèse, la plupart en Pologne. La consommation de cocaïne reste élevée, mais le cannabis reste la drogue la plus prisée. L'agence européenne des drogues (EUDA) prévient des risques croissants, notamment des intoxications liées à des produits frelatés. Pour faire face, de nouvelles initiatives seront mises en place, incluant des systèmes d'alerte et d'évaluation. L'instabilité géopolitique et l'innovation technologique exacerbent ces menaces.

Kenzo TRIBOUILLARD - AFP/Archives
Les produits de synthèse dérivés du cannabis, opioïdes et cathinones - aux effets similaires aux amphétamines - "gagnent du terrain", alerte jeudi l'Agence de l'Union européenne sur les drogues (EUDA) qui appelle à la vigilance face à cette "menace émergente".
"L'EUDA estime qu'il y a eu 7.500 décès liés à l'usage de drogues en 2023" contre 7.100 en 2022 en Europe, cas "dans lesquels des opioïdes associés à d'autres substances étaient principalement en cause", indique-t-elle dans son rapport annuel.
Ce texte regroupe et analyse des données sur l'évolution de la consommation et du marché des stupéfiants dans 29 pays, les 27 Etats membres de l'Union européenne ainsi que la Norvège et la Turquie.
La consommation simultanée de plusieurs drogues "reste source de préoccupation" et complique la prise en charge des consommateurs, souligne l'agence.
Face à la hausse des saisies, notamment de précurseurs, et devant l'"augmentation de l'intimidation, de la violence liée au trafic de drogue" et "l'implication accrue de jeunes vulnérables partout en Europe", le directeur exécutif de l'EUDA, Alexis Goosdeel, a plaidé lors d'une conférence de presse pour "l'action" des membres de l'UE afin de renforcer les systèmes de surveillance et d'alerte.
"La progression de substances très puissantes et de modes de consommation plus complexes pèse lourdement sur les systèmes de santé et de sécurité", insiste-t-il, comparant la situation au mythe de Sisyphe.

Ioana PLESEA, Julie PEREIRA - AFP
"L'accès aux données est essentiel" pour "donner les outils nécessaires à nos forces de l'ordre pour lutter contre les criminels" et éviter qu'elles aient "les mains liées", a déclaré pour sa part le commissaire européen chargé des questions migratoires, Magnus Brunner. Selon lui, la coopération est "la clé", en particulier avec des pays d'Amérique latine.
Depuis 2009, "88 nouveaux opioïdes de synthèse sont apparus sur le marché européen des drogues", indique le rapport de l'EUDA, qui les décrit comme "très puissants" et présentant "un risque important d'intoxication et de décès".
L'EUDA s'inquiète en outre de la production croissante sur le sol européen d'autres drogues de synthèse comme les amphétamines, la MDMA ou les cathinones. Cette proximité entre lieux de production et consommateurs "pourrait accélérer l'évolution des tendances de consommation", note-t-elle.
- Cannabis: 24 millions de consommateurs -
Les saisies de cathinones synthétiques - comme la 2-MMC ou la 4-BMC -, desstimulants de synthèse semblables à la cathinone (principe actif du khat), sont en forte hausse: en 2023, 37 tonnes ont été saisies en Europe, contre 27 en 2022 et 4,5 en 2021.
"Il s'agissait principalement d'importations conséquentes en provenance d'Inde, transitant principalement par les Pays-Bas", précise l'agence, ajoutant que des quantités importantes de ces substances sont également produites dans des pays européens "où un nombre croissant de lieux de production de drogue sont détectées".

Kenzo TRIBOUILLARD - AFP/Archives
Quelques 53 sites de production de ces cathinones ont été démantelés dans l'UE en 2023, la plupart en Pologne, contre 29 en 2022.
La cocaïne reste toutefois lestimulant illicite "le plus consommé en Europe, par environ 4,6 millions" d'Européens âgés de 15 à 64 ans en 2024. Mais la drogue la plus prisée demeure le cannabis, avec 24 millions de consommateurs en 2024 en Europe, selon les chiffres de l'EUDA.
L'agence alerte sur le fait que certains produits vendus comme du cannabis "peuvent être frelatés avec des nouveaux cannabinoïdes de synthèse à forte teneur en principe actif, à l'insu des utilisateurs". Les cannabinoïdes sont des substances synthétiques ou semi-synthétiques qui imitent les effets du THC, composant psychoactif du cannabis.
Ainsi en juin 2024, une trentaine de personnes avaient été gravement intoxiquées en Hongrie après avoir consommé des "bonbons gélifiés contenants des cannabinoïdes semi-synthétiques puissants".
Selon l'EUDA, "les changements rapides sur le marché européen des drogues créent de nouveaux risques pour la santé et la sécurité", avec "des fournisseurs et des consommateurs qui s'adaptent à l'instabilité géopolitique, à la mondialisation et aux avancées technologiques".
L'agence annonce de nouvelles initiatives, comme un "système européen d'alerte", "un système d'évaluation des menaces pour la santé et la sécurité" et un réseau de laboratoires d'analyses médico-légales et toxicologiques pour mieux partager les informations" sur ces drogues de synthèse, des dispositifs "en cours d'élaboration".

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