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Le bruit, pollution invisible qui mine la santé des New-Yorkais
La pollution sonore à New York est un problème de santé publique souvent négligé. Selon une étude, un New-Yorkais sur dix pourrait subir une perte auditive simplement en prenant le métro. Les effets du bruit vont au-delà de l'audition, touchant la qualité du sommeil, augmentant les risques cardiovasculaires et cérébraux et provoquant des troubles cognitifs. Bien que toutes les catégories d'âge soient concernées, les jeunes adultes et les quartiers populaires souffrent davantage des nuisances sonores. Paradoxalement, certains lieux de restauration cherchent volontairement à créer une ambiance bruyante, au détriment du bien-être des clients.

CHARLY TRIBALLEAU - AFP/Archives
Omniprésent mais largement négligé, le bruit constitue une véritable menace pour la santé publique. À New York, il alimentestress troubles du sommeil et maladies cardiovasculaires, mais reste traité comme une nuisance mineure, loin derrière la pollution de l'air.
Tim Mulligan, 43 ans, évite désormais de prendre le métro. Mais dans une ville à la circulation hyper dense, dominée par le bruit des marteaux-piqueurs et des sirènes, ce vétéran souffrant destress post-traumatique n'échappe pas à la cacophonie.

CHARLY TRIBALLEAU - AFP/Archives
"J'ai recouvert ma fenêtre de mousse acoustique, installé des doubles rideaux, je dors avec des bouchons d'oreilles et je me déplace avec des casques à réduction de bruit", raconte à l'AFP ce résident de Manhattan qui vit près de Times Square.
Le métro - aérien ou sous-terrain -, le trafic automobile, les bars, les hélicoptères, les travaux : New York résonne en permanence.
Une conversation normale atteint 50 à 65 décibels. La circulation automobile se situe entre 70 et 85. Un marteau-piqueur peut grimper jusqu'à 110. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser en moyenne 70 décibels au quotidien. Or, à New York, cette limite est franchie presque partout.
Les chiffres confirment ce que les oreilles subissent : en 2024, la ligne d'appel du 311 - le numéro des services municipaux - a reçu plus de 750.000 plaintes pour nuisances sonores, la réclamation la plus fréquente dans la ville. Au 14 août 2025, on en comptait déjà près d'un demi-million.
Et pourtant, la mégapole fait figure d'exception aux États-Unis : elle dispose d'un "Code du bruit", qui fixe des seuils et prévoit des sanctions, et a même déployé des caméras équipées de capteurs sonores pour verbaliser les automobilistes trop bruyants.
Mais les experts jugent la réponse largement insuffisante.
- Toutes les catégories d'âge concernées -
Le professeur de l'Université du Michigan et spécialiste de santé publique Richard Neitzel coordonne depuis 2019 avec Apple une vaste étude nationale : plus de 200.000 volontaires portent une montre connectée qui enregistre leur exposition sonore.
Les premiers résultats sont alarmants : "Un quart des Américains sont exposés à des niveaux qui menacent leur audition à long terme", souligne-t-il.

CHARLY TRIBALLEAU - AFP/Archives
A New York, selon une étude qu'il avait réalisée entre 2010 et 2012 avec l'Université Columbia, les chiffres étaient pires encore : "Nous avions mesuré qu'environ un New-Yorkais sur dix risquait de subir une perte auditive simplement en prenant le métro tous les jours."
Et les conséquences vont bien au-delà des oreilles : manque de sommeil, augmentation du risque d'accident cardiovasculaire ou cérébral, dépression, troubles cognitifs... La liste des effets connus s'allonge, sans provoquer de réaction politique majeure.
Car "contrairement à la pollution de l'air, (...) le bruit ne reçoit pas la même attention du grand public" et des autorités, regrette le chercheur.
Toutes les catégories d'âge et de population sont concernées, mais certaines plus que d'autres. Les jeunes adultes de 18 à 25 ans s'exposent massivement via les écouteurs de leur téléphone, souvent à des volumes trop élevés. Dans les quartiers populaires, l'environnement sonore est souvent plus intense, en raison des grands axes routiers et des chantiers.
Pour l'audiologiste Michele DiStefano, directrice du centre Shelley et Steven Einhorn, "plus l'exposition est forte et prolongée, plus la perte auditive sera sévère. Et il n'y a pas de retour possible", même si on peut évidemment "prévenir" ce risque.
Le paradoxe est que, dans certains lieux, le bruit est volontairement recherché. Dans un restaurant mexicain du quartier de Hudson Yards à la musique assourdissante, le gérant Shane Newman l'admet sans détour : "Avec la musique, l'ambiance paraît plus festive. Les clients restent plus longtemps, consomment plus."
À l'inverse, d'autres études montrent que le bruit accélère la rotation des tables, augmentant la rentabilité des établissements.

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